OUI! Tout le problème provient du dualisme qui oppose le corps et l'intellect. Mais lorsqu'ils sont rassemblés, ils sont indissociables. Alors, l'émotion devient intellectuelle et le raisonnement corporel... Descartes comme Spinoza parlaient déjà du désir comme étant une pensée... par contre, ils ne parlaient pas de la pensée comme désir... Cela change la priorité de l'interaction.
Cela fait cinquante ans que l'on a démontré que "penser est un acte" et donc qu'il n'y a plus d'opposition entre la pensée et l'action... Mais c'est pas grave! Juste un détail! Tout le monde continue de nous servir la bonne vieille soupe à l'ancienne de la séparation de l'esprit et du corps... Un progrès notable: on ne dit plus "âme" c'est trop religieusement connoté... :-)
Mieux vaut en rire!
Quant au langage qui précède la raison, cela me semble complexe à démontrer... la tendance actuelle les donne comme consubstantiels, l'apprentissage de l'un devient également l'apprentissage de l'autre même si ce ne sont que des bribes. Mais, on pourrait dire qu'il existe des langages irraisonnés... C'est à dire des langages qui ne permettent pas la conceptualisation: les langages que s'inventent les jumeaux pour parler entre eux en excluant le reste du monde de cette relation, par exemple. Tout dépend de l'étendue de la définition de ce que vous nommez "langage"... Rien que ça... c'est déjà un sacré défi. :-)
Le langage du corps (donc celui du désir), à cause du dualisme*, a longtemps été considéré comme quantité négligeable des capacités d'expressions humaines. Pour le rendre acceptable, il fallait la rigueur pratique et l'exigence esthétique de la danse artistique... Casser le corps pour le faire tenir dans la minuscule boîte de l'idéal.
*Je devrais dire "double dualisme" car la majorité de l'histoire de la philosophie occidentale depuis Platon s'est constituée sur l'incommunicabilité entre "désir" et "plaisir", à savoir que le "plaisir" ne permet jamais d'assouvir le "désir" et que ce dernier passe son temps à errer dans sa propre sphère d'insatisfactions impossible à briser. Puis il est devenu inconscient... d'ailleurs, on oppose toujours "désir" (force chthonienne) et la "conscience"...
Longtemps, on a dissocié "langage" et "expression"... Le langage étant ce que l'on "contrôle", ce que l'on travaille, ce que l'on sait... Et l'expression ce qui nous "trahit". Toujours ce double-discours, ce double-langage (très justement!). Donc si le désir reste une "expression", il ne peut être une "pensée"... Puisque tous nos anciens grands penseurs ont passé leur temps à le déterminer ainsi: la pensée n'est pas expression... Et d'ailleurs, le langage lui-même n'est pas une pensée, il n'en est que la modalité: "Le mot n'est pas la chose." Double dualisme qui devient triple dualisme! Le langage lui-même ne signifie pas ce qu'il devrait signifier: la métaphore... ou comment dompter le langage pour en faire l'outil de la métaphysique...
Aujourd'hui, la pensée regroupe toutes les activités cérébrales humaines. Et si vous considérez qu'il n'y a aucune distance entre votre intellect et votre corps, alors vos émotions sont des pensées, vos pensées des émotions et donc votre désir est, non pas l'expression d'une pensée, mais la définition elle-même d'un sujet pensant. Ce qui pose le problème de "l'animalité"... En ce cas, l'intelligence animale ne peut plus être contestée et il ne reste plus qu'à déchoir l'humain de son propre anthropocentrisme. Cela vous donne-t-il un aperçu de l'étendue du problème? :-)
Donc, vous ne manquez pas de logique mais faut juste vraiment préciser le débat... sinon, cela part dans tous les sens et les gens ne vous attaquent pas sur le "fond" mais uniquement sur la "forme"... Je hais la rhétorique mais chacun(e) s'amuse comme il/elle peut...