C'est comme donner du sucre aux abeilles, alors que les abeilles veulent butiner et voler de leurs propres ailles.
Le faux bourdon est fait pour l'accouplement, il est exclu des activités de récolte de nectar et pollen, et est incapable de se défendre. Ainsi, il est dénué des glandes produisant la cire, de structures de récolte du pollen sur ses pattes, et n'a pas non plus de dard. Par contre, puisque repérer et s'accoupler avec une reine en plein vol est critique dans son cycle de vie, il profite de diverses adaptations lui permettant de mieux voir et d'endurer le vol plus longtemps.
Ainsi, un faux bourdon se caractérise par des yeux deux fois plus grands que ceux des abeilles ouvrières et des reines. Ses yeux comptent davantage de facettes, jusqu'à 8600, alors que ceux des ouvrières n'en comptent que 6900 au plus, du moins chez l'abeille mellifère. Ses antennes, utilisées pour l'olfaction et probablement pour repérer une reine, contiennent 10 fois plus de récepteurs que celles des ouvrières. Les muscles du vol sont également mieux développés chez le faux bourdon. Il a un corps plus volumineux que celui des abeilles ouvrières, bien que généralement plus petit que celui de la reine. Son abdomen est plus trapu que celui des ouvrières ou de la reine.
La fonction centrale des faux bourdons est de féconder une reine réceptive. Les faux bourdons d'une ruche ne s'accouplent habituellement pas avec une reine vierge dans la même ruche, car ils vont de ruche en ruche, permettant donc un certain brassage génétique. L'accouplement a généralement lieu dans ou à proximité de zones de congrégation de mâles où se réunissent les faux bourdons. On ne comprend pas exactement comment ces zones sont sélectionnées.
Même si les bourdons sont conçus principalement pour l'accouplement, la plupart meurent sans jamais y parvenir, soit parce qu'ils deviennent trop vieux, soit parce qu'ils sont évincés par les ouvrières.
Dans les régions avec des hivers rigoureux, tous les faux bourdons sont chassés de la ruche à l'automne. Une colonie commence à produire des faux bourdons au printemps et leur population atteint son apogée à la fin du printemps et au début de l'été, coïncidant avec l'essaimage. L'espérance de vie d'un faux bourdon est d'environ 90 jours.
Bien que le faux bourdon soit presque entièrement spécialisé pour effectuer sa fonction d'accouplement, il n'est pas complètement sans autre utilité pour la ruche. En effet, toutes les abeilles, lorsqu'elles ressentent que la température de la ruche s'écarte des limites habituelles, vont soit générer de la chaleur en vibrant de tout leur corps, soit évacuer de la chaleur en chassant l'air chaud avec leurs ailes. Dans les dernières observations, les faux bourdons jouent un rôle dans la ventilation de la ruche et dans le maintien de la température du couvain la nuit, ils joueraient aussi un rôle de stimulation de l'activité des ouvrières. Des ruches sans faux bourdons auraient une productivité de miel réduite de 20 à 30%.
Les faux bourdons n'ont pas le même comportement que les abeilles ouvrières, comme la récolte de nectar ou de pollen, le soin des larves, ou encore la construction de la ruche. Même s'ils sont dépourvus de dards, ils peuvent cependant faire aller et venir leur abdomen afin d'effrayer le perturbateur . Chez certaines espèces, ils vont voler autour de l'intrus pour le désorienter.
Les faux bourdons volent beaucoup en début d'après-midi et se rassemblent en groupe dans des zones à bonne distance de la ruche. Les faux bourdons passent la majeure partie de leur vie adulte ainsi réunis dans ces essaims, comptant de quelques centaines à quelques milliers d'individus, et parfois visités par une reine en quête de fécondationn Contrairement aux ouvrières, les bourdons peuvent aller de ruche en ruche.
Une colonie compte en moyenne un pic de 200 faux bourdons au cours de l'été
Le faux bourdon atteint sa pleine maturité sexuelle environ 12 à 15 jours après sa naissance. Un cadre Dadant à mâles peut donner naissance à 2000 mâles et donc féconder théoriquement 100 reines[8]. Afin d'assurer une bonne fécondation des reines vierges, il faut une certaine densité de mâles dans les zones de rassemblement de mâles (congrégations compactes de diamètre allant de 30 à 200 m, généralement à une altitude comprise entre 10 et 40 m au-dessus du sol)[9]. On conseille donc d'attendre au moins un mois entre l'apparition des premiers mâles et la division artificielle d'essaim.
Le pénis du faux bourdon est conçu pour éjecter une grande quantité de liquide séminal et spermatozoïdes avec vitesse et force. Le pénis est interne, c'est un endophallus. Pendant l'accouplement, l'organe est mis en éversion (retourné, comme un gant) pour pénétrer à l'intérieur du corps de la reine. L'éversion du pénis est réalisée par la contraction des muscles abdominaux, ce qui augmente la pression de l'hémolymphe, et fait « gonfler » le pénis. À la base du pénis se trouvent de petits crochets utilisés pour agripper la reine.
L'accouplement entre un faux bourdon et la reine dure moins de 5 secondes, et il est souvent complet après un délai de 1-2 secondes. L'accouplement se produit en plein vol, de 10 à 40 m au-dessus du sol. Puisque la reine s'accouple avec 5 à 19 mâles, et que ceux-ci ne survivent pas à l'accouplement, chaque mâle doit mettre son unique chance à profit. Le faux bourdon entre d'abord en contact par le haut de la reine, son thorax au-dessus de son abdomen, à califourchon sur elle. Puis il la saisit avec ses six pattes et procède à l'éversion de son endophallus dans l'orifice que la reine utilise pour piquer. Si cet orifice n'est pas complètement ouvert, l'accouplement est un échec. Une fois l'endophallus en éversion, le mâle est paralysé, et est projeté vers l'arrière quand il éjacule. Le processus d'éjaculation est explosif—le sperme est projeté dans la poche de l'aiguillon de la reine jusque dans l'oviducte. Le processus est parfois audible, et s'apparente à un « pop » sonore. L'éjaculation est si puissante qu'elle rompt l'endophallus, et déconnecte le faux bourdon de la reine. Le bulbe au bout de l'endophallus se casse et reste à l'intérieur de la reine lors de l'accouplement. Les faux bourdons ne survivent donc pas à la copulation. Les restes du pénis dans la poche de l'aiguillon de la reine sont considérés comme un signe de l'accouplement. Ce reste n'empêchera pas d'autres mâles de venir s'accoupler avec la même reine, mais peut empêcher le sperme de s'écouler hors du vagin].
Environ 90 millions de spermatozoïdes sont déposés par divers mâles dans les oviductes de la femelle. De ceux-ci, environ 7 millions sont stockés dans un organe appelé spermathèque, dont la réserve de gamètes sert à féconder les œufs des reines au cours de sa vie. Si une reine épuise cette réserve, les ouvrières produiront une nouvelle reine pour lui succéder
En apiculture, la génétique des nouvelles générations peut être mieux contrôlée en inséminant artificiellement une reine avec les faux bourdons recueillis à partir d'une seule ruche, où la mère de ceux-ci est connue. Par contraste, dans la nature, une reine s'accouple avec plusieurs faux bourdons[6], qui peuvent venir de ruches différentes. Par conséquent, dans la nature, la progéniture femelle d'une reine a parfois des pères d'origines génétiques distinctes.
Les apiculteurs peuvent élever des faux bourdons pour l'insémination artificielle ou pour l'accouplement libre. Cette dernière technique nécessite de nombreux faux bourdons pour qu'elle soit couronnée de succès.