Je ne dirai pas que cela porte atteinte à ma dignité, car ce serait pousser mémée dans les orties. Que ça porte atteinte à mes valeurs de spontanéité, d'honnêteté et de franchise, ça oui, par contre. D'autant que j'ai horreur des gens qui se font mousser à tout bout de champ. Je m'applique, avec un certain soin, à les faire descendre de leur piédestal, mais c'est pas la question.
Ce qui me dérange le plus, c'est vraiment de devoir jouer les hypocrites, de devoir dire "oui oui" à un patron véreux et peu scrupuleux, qui a racheté la boîte par appât du gain et sans aucune connaissance du métier de ceux qu'ils exploitent, mais se permet d'intervenir et de critiquer leur travail. Rien ne m'horripile plus que cette névrose qu'on est obligés d'adopter, entre vie privée (et vraie personnalité) d'un côté, et vie publique/professionnelle de l'autre ; d'ailleurs ça m'a tellement horripilée que je me suis empressée de me mettre à mon compte. C'est maintenant que je me retrouve à devoir me vendre, pour trouver des clients. J'ai tout un discours bien rôdé et, c'est con, mais je présente bien, du coup je suis obligée de me déguiser (car au quotidien c'est plutôt jean troué et rangers), de faire péter le tailleur et les petites lunettes (qui font plus sérieuse, dans la tête des gens, ça fait oublier les piercings) et d'aller courir les colloques et autres salons pour distribuer ma carte, en faisant risette, parfois à des gros cons. Brrrrrrrrrrr, quelle horreur