Bonsoir, Hermione !
Je ne sais qui déclara, un jour : "seule la vérité est révolutionnaire". S'agit-il de Lenine ou de Trotsky ? Toujours est-il que ces mots sortirent de la bouche d'un communiste. C'est vrai que le mot "vérité", pravda en russe, ne fut pas de mise entre 1917 et 1991 mais ce fut dit !
Le paradoxe est que ce fut un communiste qui verrouilla, par la loi, la recherche de la vérité. Gayssot ! Gai sot ? Possible !
Avant, ce n'était guère aisé pour les historiens ; depuis, c'est très ardu !
Je ne vais pas uniquement me fixer sur 39-45 et sérieusement m'en écarter !
Quand Jacques Heers, remarquable médiéviste (Les Négriers de l’Islam - La première traite des noirs VIIe-XVe siècles, Éditions Perrin, 2003), et Olivier Pétré-Grenouilleau, autre remarquable historien (Les Traites négrières, éditions Gallimard, 2004), eurent le malheur de s'attaquer à l'esclavage, quelle levée de bouclier ! L'un et l'autre affirmaient que la traite des noirs ne fut pas uniquement une maladie de l'Occident mais que les musulmans y allèrent également de bon coeur. Que n'avaient-ils écrit ? Le malheureux Pétré-Grenouilleau dut subir une vraie attaque en règle : "Au début du mois de septembre 2005, le collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais dépose plainte devant le Tribunal de Grande Instance de Paris contre Olivier Pétré-Grenouilleau « pour contestation de crime contre l’humanité »." (http://www.clionautes.org/spip.php?artic... Pourtant ce pauvre professeur, le samedi 11 juin 2005, s'était remettre le prix du Sénat du Livre d’histoire pour son livre . Le jury de ce prix, présidé par René Rémond : Hélène Ahrweiler, Jean-Pierre Azéma, Philippe-Jean Catinchi, Marc Ferro, Jean Garrigues, Jean-Noël Jeanneney, Alain Méar, Claude Mossé, Jean-Pierre Rioux, Maurice Sartre, Laurent Theis, Pierre Vidal-Naquet, Annette Wieviorka. Tous de vils révisionégationnistes, vous voyez !
Autre point : L'attitude de la célébrissime division SS Das Reich. Tout le monde sait le crime odieux commis à Oradour-sur-Glane, impardonnable, écoeurant. 642 victimes innocentes de la folie meurtrière. Peut-on en dire autant de ce qui se passa la veille, 9 juin 44, à Tulle ? Voilà ce qui est écrit dans Wikipedia : "Le 9 juin, des unités de la division Das Reich interviennent à Tulle à la suite d'une attaque de la ville par des FTP. Comme ceux-ci se sont repliés précipitamment à l'arrivée des Waffen-SS, que neuf soldats de la garnison allemande (8e et 13e compagnies du 95e régiment de sécurité), faits prisonniers, ont été fusillés par le maquis et que d'autres tués portent des traces de sévices (affaire mal éclaircie), le "général commandant les troupes allemandes" décide par représailles de faire pendre 120 "maquisards". Finalement, 99 habitants de Tulle sont pendus et 149 sont déportés." Représailles, brutales mais qui sont le fait de toutes les armées en campagne harcelées. Que disait Camus au sujet de Madagascar où l'armée française accomplit le même genre de sévices ? Il ne faut pas excuser l'un et condamner l'autre, les deux étant odieux. Or, on pardonne aux uns, on honnit les autres.
Autre "désinformation", selon l'historien Léon Schirmann : La responsabilité de la France dans le conflit de 14-18. Jusqu'à présent, c'était la faute de Guillaume II, le kaiser, uniquement. Or, il semblerait que Russes et Français ne soient pas tout blanc. Peut-on le dire ? Pourquoi les historiens ne devraient-ils pas chercher dans toutes les voies possibles ? Qui est Léon Schirmann ? "Historien de contestation, résistant de la Deuxième guerre mondiale. Auteur d'ouvrages engagés, notamment L'affaire du dimanche sanglant d'Altona, autopsie d'un crime judicaire organisé par des magistrats, L'Harmattan, Paris, 1997 ; Mata-Hari, autopsie d'une machination, Italiques, Paris, 2001 ; Eté 1914, Mensonges et désinformation, comment on "vend" une guerre, Italiques, Paris, 2003. " (http://www.denistouret.fr/textes/Schirma...
Il y a des choses qui sont interdites de fait, pour l'historien : Nombre d'archives sont gelées. Quand seront-elles accessibles ? Et quand elles le seront, qui pourra dire qu'elles n'auront pas été expurgées des traces gênantes ? Or, les archives allemandes sont accessibles, de même les américains, et d'autres !
Vidal-Naquet critiquait l'attitude frileuse de bien des historiens, politiquement corrects, lisses. Est-ce une attitude rationnelle pour un individu dont le but est de traquer la vérité ? L'historien doit-il se plier au politique ?
Pourquoi le meilleur historien de Vichy, réputé et respecté dans le Monde est-il Américain, Robert Paxton ? Parce qu'en France on n'a pas de chercheur capable de défricher le passé ou parce qu'on les bride, les menace ?
Je ressors mon petit texte déniché sur le net :
"Tous les préfets ou sous-préfets, nécessairement en charge de la répression raciale ou politique, ont eu, ou auraient pu avoir le même comportement de bureaucrate froid que le secrétaire général de la préfecture de la Gironde (Papon). Fallait-il ordonner à la police de rafler des Juifs, en vue de leur déportation dans un camp d’extermination, s’activer à la chasse aux communistes ? Tous ces tyrans de préfecture répondaient présents à l’appel, et faisaient exécuter la consigne en l’améliorant, le plus souvent.
Les noms de ces préfets qui se seraient risqués à désobéir à la Gestapo, transmis par Vichy, ou directement, ne sont pas passés à l’histoire. Sinon, cela ferait des années que l’on nous aurait rebattu les oreilles avec le souvenir de ces héros qui avaient résisté avec vaillance aux ordres barbares.
Quatre cents préfets et sous préfets. Pas un réfractaire ! Papon, aux ordres de Bousquet, secrétaire général à la police de Vichy, a manqué de chance. Son zèle à réprimer était, certes, exemplaire, mais sans jamais atteindre les scores d’Amédée Bussières, préfet de police de Paris qui, lui, de 1942 à 1944, fera déporter des dizaines de milliers de Juifs de la région parisienne contre "seulement" 1680 pour le préfet bordelais...
Une question indispensable se pose : comment se fait-il qu’après la libération les Papon n’ont pas été, sinon emprisonnés, du moins écartés de l’administration ? Réponse rapide : de Gaulle était tellement inquiet, en août 1944. Lors de son retour en France, de voir un pouvoir, plus ou moins populaire, surgir des maquis ou de la guérilla urbaine, qu’il se fit un devoir de récupérer les fonctionnaires de Vichy. Policiers, gendarmes, magistrats, tous félons (comme ont dit les livres d’histoire), tous assassins par destination, seront maintenus à leur poste, obtenant même des promotions inattendues. De Gaulle, qui connaissait bien les hommes, savait que ces valets sanglants de Vichy lui seraient d’autant plus fidèles qu’ils avaient faillis." (http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=657)
Vladimir Jankélévitch disait : "Toutes vérités ne sont pas bonnes à dire."