Poser la question de cette façon suppose une conception du bien et du mal qui est en elle-même un présupposé. Il y aurait d'un côté le bien, de l'autre le mal, et entre les deux une frontière: il suffirait ensuite de prendre tel ou tel objet et de le placer d'un côté ou de l'autre de la frontière pour le considérer comme bon ou mauvais.
Une première façon de répondre serait évidemment de dire: c'est la frontière qui constitue les deux objets, il n'y a pas le bien et le mal mais d'abord la séparation, et cette séparation est fondée par la conscience comme productrice de la morale.
On peut aussi réfléchir à la notion de morale à travers le temps et montrer comment elle est liée à l'idée du devoir-être. En effet, on définit classiquement le bien comme ce qui doit être et le mal comme ce qui ne doit pas être. Comment définir ce qui doit être? On connaît les réponses classiques: l'impératif catégorique de Kant, bien sûr.... Historiquement, cet impératif catégorique ouvre une nouvelle conception du devoir-être, à savoir que c'est la conscience subjective qui pose ce qui doit être, car elle seule peut, sur le plan ontologique, poser ce qui est comme ayant à ne pas être et ce qui n'est pas comme ayant à être.
C'est donc (ici on retrouve une position sartrienne) parce que l'homme est une conscience de soi c'est-à-dire une liberté qui crée le monde en donnant sens au réel que la possibilité d'une morale peut être envisagée.
Enfin, il faut considérer la nécessité de se déprendre de l'opposition bien/mal qui sous-tend toutes nos réflexions et tenter comme Nietzsche, de philosopher "par delà le bien et le mal".